La communication non violente (CNV) est un outil qui m’a été conseillé par un proche. Comme son nom l’indique c’est un moyen de s’exprimer sans aller dans le conflit avec son interlocuteur.

Dans cet article nous allons voir ensemble les principes de la CNV. Nous allons voir comment les mettre en pratique avec son entourage et les appliquer à soi. Je vous donnerais des conseils à la fin de l’article.

Qu’est-ce que la communication non violente ?

C’est un processus de communication créé par Marshall B. Rosenberg, psychologue américain.

C’est une méthode de communication qui permet de s’exprimer de façon à avoir un échange authentique.

Avec la CNV nous exprimons nos besoins profonds et nous entendons également ceux des autres. Il y a un principe de réciprocité.

Il faut distinguer 2 grands principes :

  • Le fait de s’exprimer avec sincérité
  • L’écoute emphatique

S’exprimer sincèrement avec la communication non violente

OSBD

Voici les 4 composantes de la communication non violente :

  • Observation : J’observe une situation
  • Sentiments : Je tiens compte des sentiments créés par la situation
  • Besoins : Quels sont les besoins liés à ces sentiments ?
  • Demande : Je formule une demande pour satisfaire le besoin

L’exemple le plus connue : une mère à son enfant

« Je vois que tu a des affaires éparpillées partout dans la maison  » (Observation)

« Et cela me met de mauvaise humeur » (Sentiment)

« Car j’ai besoin de plus d’ordre dans les pièces où nous vivons ensemble » (Besoin)

« Pourrais-tu les ranger ? » (Demande)

Pour formuler une demande sans entrer dans un conflit, on va utiliser cet outil, le OSBD.

Quelle est l’utilité de la communication non violente ?

Cela nous permet d’être bienveillant, authentique et empathique.

Nous pouvons appliquer la CNV dans tous les domaines de notre vie. Dans notre couple, notre famille ou encore notre milieu professionnel.

En plus de gérer les conflits, elle permet également de cerner ses propres besoins.

Les 4 langages aliénants

Selon Marshall Rosenberg, il existe 4 types de langages considérés comme « aliénants » :

  • Le jugement moralisateur : c’est le fait de faire un jugement sur les actes d’autrui qui ne correspondent pas à nos valeurs.
  • La comparaison : C’est une forme de jugement. Cela va à l’encontre de la bienveillance.
  • Refuser ses responsabilités : Cela empêche la personne de prendre conscience qu’elle est responsable de ses pensées et ses actes
  • Formuler ses désirs sous forme d’exigences : l’interlocuteur fera face à une menace ou reproche s’il ne répond pas positivement à la demande

Observer sans évaluer

Il faut faire la différence entre l’observation et l’évaluation.

L’observation est une constatation de faits, sans jugement derrière. (Exemple : Hugo est en retard pour notre rendez-vous)

L’évaluation est une interprétation d’un fait (Exemple : Hugo n’est pas ponctuel)

Faire par d’une évaluation à l’interlocuteur n’est pas un bon moyen de communiquer puisque face à la critique il peut être fermé et se sentir offensé.

Identifier les sentiments

Ceci fait référence à la partie S du OSBD (voir plus haut dans l’article).

Pour identifier nos sentiments nous devons faire la différence entre :

  • L’interprétation mentale (exemple : « je sens que je ne suis pas fait pour ça »)
  • Les sentiments (exemple « je me sens détendu »

Ce qui porte à confusion est l’emploi du verbe « sentir » pour exprimer nos sentiments ainsi que nos pensées.

Pour éviter cette confusion il est conseillé de connaitre le vocabulaire des sentiments et émotions. Ceci permettra aussi de les exprimer clairement.

La responsabilité des sentiments

Selon Rosenberg, nous avons 4 types de réaction face à un message négatif :

  • Se sentir fautif
  • Rejeter la faute sur l’autre
  • Percevoir nos sentiments et besoins
  • Chercher à percevoir les sentiments et besoins de l’autre

Vous l’aurez compris, pour avoir un échange non violent et serein nous utiliserons les 2 dernières façons. Soit nous exprimons nos sentiments et besoins à l’autre, soit nous tentons de connaitre ceux de l’autre. Dans ces 2 cas, la formulation OSBD est respectée.

La formulation de la demande

C’est la dernière étape de l’OSBD.

Pour que la formulation soit conforme aux valeurs de la CNV il faut :

  • Utiliser un langage positif
  • Effectuer une demande claire et précise
  • Faire reformuler la demande
  • La demande doit être une « demande », pas une « exigence »

L’écoute empathique en communication non violente

Recevoir avec empathie

En CNV, nous devons percevoir les sentiments et besoin de l’autre.

Donc pour recevoir avec empathie il faut simplement écouter l’autre. Ecouter ses besoins et sentiments.

Nous pouvons également paraphraser ses propos ou les reformuler pour permettre à l’interlocuteur de nous corriger si besoin. Il doit sentir que nous sommes à l’écoute.

Il est important de garder l’empathie tout au long de la conversation. Le but étant de comprendre exactement ce que l’autre veut nous dire. C’est seulement après avoir compris clairement et complètement les besoins et sentiments de l’autre que nous pourrons ensuite lui apporter conseil ou autre.

Un principe est également à prendre en compte. Avant de donner de l’empathie à l’autre, il faut savoir s’en donner à soi-même. Car nous ne pouvons pas donner à quelqu’un une chose que nous manquons. Hors la CNV c’est un principe de base du développement personnel.

Développer son empathie

Accroitre cette capacité nous permet :

  • De rester sincère et vulnérable, pour créer du lien avec l’autre
  • Guérir des souffrances et faire tomber des barrières mentales
  • Effacer un danger
  • Accepter un refus sans perception de rejet
  • Redonner vie à une conversation
  • Comprendre ce qui n’est pas dit par les mots

Renouer avec soi

Comment être bienveillant avec les autres si l’on est violent avec soi ?

Cela nous amène à la notion de deuil en CNV.

Rosenberg nous invite à nous poser la question suivante quand nous nous faisons des reproches :

« Quel est le besoin insatisfait qui s’exprime au travers de ce jugement moral ? »

En se posant cette question nous :

  • Nous relions aux besoins insatisfaits et aux sentiments associés
  • Evaluons de quelle façon le comportement que l’on regrette est allé à l’encontre de notre besoin
  • Accueillons le sentiment né de cette prise de conscience

Avec ce deuil nous nous pardonnons en donnant de l’empathie au « soi » du passé. Nous repérons le besoin déclencheur du comportement dans le passé et nous créons ce lien sans jugement.

Nous sommes invités par Rosenberg à animer nos actions par un désir de vie et laisser de côté la peur et la honte.

Pour rappel le fait d’employer le terme « je dois » nous dédouane de nos responsabilités de nos actes. Donc pour se responsabiliser nous opterons plutôt pour le terme « je choisis ». Ceci nous renvoie à l’idée que dans notre vie tout est question de choix. Nous sommes responsables de notre vie par nos actes et nos choix. Avec ce mindset noius serons plus alignés avec nos valeurs et plus à l’écoute de nos besoins.

Comment exprime-t-on la colère avec la communication non violente ?

Cela peut paraître contradictoire. Exprimer de la colère alors que nous sommes dans une démarche de dialogue pacifique.

Mais avec la CNV il y a une manière d’exprimer cette émotion.

Avant toute chose il faut prendre conscience que nous devons prendre l’entière responsabilité de l’émotion. L’autre est un déclencheur de l’émotion mais n’en est pas responsable. C’est nous qui réagissons de cette manière face à telle situation. C’est un des principes fondamentaux du stoïcisme.

Donc Rosenberg suggère 4 étapes pour exprimer notre colère :

  1. Faire une pause et respirer
  2. Analyser les jugements qui nous viennent à l’esprit
  3. Identifier nos besoins
  4. Exprimer nos sentiments et besoins insatisfaits

Peut-on faire usage de la force avec la CNV ?

Par souci de protection nous pouvons être amenés à utiliser la force.

Selon Rosenberg, l’usage répressif de la force et de la punition n’est pas une solution efficace. La force va engendrer de la résistance face au comportement que l’on cherche à susciter. La punition quant à elle va altérer l’authenticité et la sincérité des rapports. De plus elle va diriger l’attention vers ce qui se passera si l’on agit mal et non sur l’acte en soi.

Donc en CNV l’usage de la force doit être appliqué en cas d’urgence. Mais dans notre quotidien nous pouvons utiliser l’OSBD pour gérer un conflit.

Comment appliquer la CNV à soi-même ?

Avec l’utilisation de la CNV nous pouvons profiter d’une nouvelle relation à nous-même.

Mais d’abord il faut éliminer certains anciens conditionnements. Aujourd’hui montrer sa sensibilité peut être vu comme une faiblesse et exprimer ses besoins peut être interprété comme quelque chose d’égoïste. En mettant un terme à ces croyances plus pouvons exprimer nos besoins et sentiments de manière systématique.

Tout ceci nous renvoie au principe de croyance limitante que j’ai expliqué dans un autre article : Comment éliminer ses croyances limitantes ?

Appliquer la communication non violente à soi-même permet de d’avoir une vie plus sereine et de mieux gérer ses conflits intérieurs. En effet la CNV repose sur la compréhension et l’expression des sentiments et besoins. Appliqué à soi elle permet de mieux les identifier, de les comprendre et ainsi mettre des mots sur nos maux pour les apaiser.

Le remerciement et la reconnaissance

Même s’ils sont positifs, les compliments peuvent prendre la forme de jugement. Ils peuvent être instruments d’influence du comportement d’autrui. Pour éviter cette confusion, nous allons remercier avec un processus particulier.

Le processus de remerciement en CNV est le suivant :

  1. Citer l’action qui nous a fait plaisir, qui a contribué à notre bien-être
  2. Le besoin satisfait
  3. Ensuite le sentiment positif né de cette satisfaction.

Exemple : « Je te remercie d’avoir fait cette tâche à ma place pendant mon absence. Cela m’a permis de rattraper le retard que j’avais accumulé. Je me sens vraiment soulagé. »

Conclusion

La communication non violente est un super outil. Elle permet de s’exprimer sans générer de conflit, d’échanger avec bienveillance tout essayant de satisfaire un besoin.

Ce qui est interessant aussi est le fait que l’on peut appliqué ses principes aux autres mais également à soi. Ce qui permet de gérer ses conflits intérieurs, de mieux se connaitre et de mener une vie plus sereine.

Conseils personnels

  • Je pense qu’il est plus judicieux de commencer à appliquer la CNV à soi et ensuite l’appliquer aux autres. Cela permet de mieux identifier ses besoins et sentiments (de mieux se connaitre) pour ainsi mieux les exprimer aux autres.
  • Pour une bonne communication, il peut être bon de coupler la CNV et la PNL. Je pense notamment aux positions perceptuelles (PNL). Les positions perceptuelles permettront d’identifier les sentiments et besoins d’autrui, ainsi que les nôtres. Pour l’article sur la PNL c’est ici : Comment améliorer sa vie grâce à la PNL ?
  • L’utilisation de la CNV peut renforcer la confiance en soi. Le fait de dire les choses est libérateur. Cela nous enlève un poids. C’est un outil qui nous permet dire ce que l’on pense à un moment opportun. Donc la CNV permet de faire face à des situations, nous permet d’agir. Elle peut s’ajouter également à notre « palette d’actions ».
  • Pour plus de détails je vous invite à lire le livre du père de la CNV Marshall B. Rosenberg Les Mots Sont Des Fenêtres (Ou Bien Ce Sont Des Murs)

Dites moi en commentaire si vous utiliser la CNV au quotidien ou si vous comptez le faire.

Trouvez-vous aussi des rapprochements à faire entre PNL et CNV ?

    7 replies to "Comment utiliser la communication non violente ?"

    • Cora

      Bonjour et merci pour cet article très riche.
      Je reviens sur la colère. il faut partir du principe que, lorsqu’on est en colère, ça vient obligatoirement d’un de nos besoins qui n’est pas respecté, c’est ça ?
      J’ai du mal à ne pas penser que, si je suis en colère, ça vient seulement du comportement de l’autre.

      • Roman Palmyre

        Bonjour ! Merci pour ton message. Comme l’a écrit Vero, la colère peut être une réaction que nous avons face à une situation où on ne se sent pas respecté. Dans le contexte évoqué la cause de la colère est un besoin insatisfait qui est lié à l’autre. Mais dans un autre contexte la colère peut être une réaction à une situation qui va à l’encontre de nos valeurs (comme l’injustice par exemple). Tout dépend du contexte. Est-ce plus clair pour toi ?

    • Vero

      Merci pour le partage. Très agréable à lire. En tant que maman de jeunes enfants, ton exemple sur les affaires qui traînent me parle particulièrement 😄

      Pour rebondir sur le commentaire précédent, il me semble que la colère vient du sentiment que nos valeurs n’ont pas été respectées. Donc c’est effectivement en lien avec l’autre, mais c’est quand même notre propre interpretation qui va la générer.

      • Roman Palmyre

        Bonjour ! Merci pour ton message. Effectivement cet exemple est parlant pour beaucoup de personnes je pense 🙂 Concernant le commentaire de Caro, tu as raison. Et il faut bien comprendre qu’ici le contexte est un échange avec une personne contre laquelle nous sommes « énervés ». L’exemple donné est valable pour ce contexte.

    • Vie Quatresixquatre

      Reconnaitre une émotion ne veut pas dire s’empêcher de la vivre, ce qui serait porter un jugement sur soi-même et s’invalider. Je crois qu’il est important de choisir le bon moment pour parler à l’autre.

    • Manu

      Merci pour cet article Roman.

      J’ai lu le livre de Marshall Rosenberg, il est génial, j’ai d’ailleurs écrit un article dessus sur mon blog.

      Merci de nous rappeler ces principes de communication non violente, ce genre de rappel fait toujours du
      bien.

    • Luc

      Article très complet.

      C’est vrai que la communication non violente est un bon outil qui dans certaines situations permet de désamorcer un conflit.

      Merci pour ce partage

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